Le Cercle de la Voile de Bordeaux (33)
Cap sur le Bassin d'ArcachonFondé en 1950 par son premier président Pierre Ducros, le Club Nautique du Lac, à Maubuisson décide de changer de nom en 1955 pour se nommer Cercle de la Voile de Bordeaux (CVB).
Les origines
En 1974 le club, qui entretient de bonnes relations avec le Cercle de la Voile du Noroit au Grand Piquey, fusionne avec celui-ci et devient le Cercle de la Voile de Bordeaux et du Noroit. Dès 1972 le club house, qui se trouvait initialement à Maubuisson – prés du Pôle actuel- s’installe dans le cadre de la Base de Plein Air de Bombannes dans des locaux plus vastes et mieux adaptés à l’activité grandissante du club.
Dès sa création en 1950 les membres du club s’étaient donné pour mission la pratique sportive du dériveur et l’accès des pratiquants au plus haut niveau. Avec le recul historique, on peut affirmer que ces objectifs ont été rapidement atteints. A en juger par le palmarès des clubs de voile publié par la Fédération Française de Voile et par les très nombreux titres nationaux, européens, mondiaux et olympiques obtenus par ses membres, il est certain que le CVB figure parmi les tout premiers clubs français.
L’âge d’or : 1960-1980
Et dans cette période s’étalant de l’après-guerre à nos jours, la double décennie 1960-1980 constitue certainement l’age d’or du Cercle de la Voile de Bordeaux si l’on se réfère au nombre, à la qualité des pratiquants, à leur niveau de pratique, ainsi qu’aux résultats dans les compétitions nationales et internationales.
De 1967 à 1976 le CVB a été sacré 7 fois champion de France des Sociétés, c’est à dire meilleur club de France sur les résultats de plusieurs séries et sur différentes tranches d’âge. C’est dire la suprématie qu’exerçait le club à ce moment-là sur la pratique du dériveur en métropole.
L’histoire du Cercle de la Voile de Bordeaux

Le Cercle de la Voile de Bordeaux
Le Cercle de la Voile de Bordeaux en bref
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Dénominations : Cercle de la Voile de Bordeaux
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Période : XXe siècle
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Datation : 1950
Les grands acteurs du CVB
- les anciens: les frères Jean et Pierre Goujon ; Bistuer ; les frères Jean Claude et Francis Jammes ; les frères Henri et Jean Claude Roumaillac ; Didier Poissant ; Yves Louis Pinaud ; les frères Yves et Marc Lecocq. Jacqueline Roumaillac
La génération 1960-1980
- En 420: Philippe Marchand, A. Boissière et G. Marchand, Jean François Le Texier et Jean Pierre Duverger
- En 470 : Pascal Tétard
- En 505 : Jean Claude Roumaillac et Brodard ;Marcel Troupel et Francis Lanaverre ; M.Paitre et Ph.Marque ;Patrice Granger Wacquez et Alain Lehoerff
- En Flying Deutchman : François Martin et Pierre Larréa
- En Finn : Alain Maury ; Serge Maury ; Pierre Mondétéguy ; Jean Claude Roumaillac ; Jean Gabriel Pasturaud ; Jean Jacques Granchamp ; Jacques Busquet ; Luc Cholet
- En Laser : Bruno Guillem
- En Moth Europe : G. Clicheroux ; Jean Marie Marteau ; Jacques Manière
- En Dart: Jean Marie Marteau et Catherine Marteau
- En Hobie Cat: Joel Escarret
- En féminines : Myriam Larréa ;Martine Allix ; Christine Manière ;Catherine Mars; Joëlle Le Texier ; Chantal et Madeleine Labeau ; Jeanne Coupat
Les présidents du CVB
- Ducros 1950-1960
- Roulet 1960-1965
- Lazarini 1965-1966
- Bridier 1966-1967
- Maury 1967-1974
- Bernard 1974-1975
- Maury 1975-1976
- Machy 1976-1980
- Lecoq 1980-1986
- Dantzer 1986-1990
- Hordonneau 1991
- Richard 1992-2002
- Viaud 2002-2021
- Cessac 2021- à nos jours

Les éléments d’une réussite
Comment peut-on analyser cette période et quels sont les éléments structurels et conjoncturels qui ont permis à ce club de dominer la voile française pendant 20 ans ? De nombreux facteurs et sans doute quelques conjonctions ont contribué à cette position dominante :
- Les équipes de bénévoles qui se sont succédées pendant cette période, coordonnées par des présidents emblématiques et dynamiques qui ont su se relayer lors de mandats relativement courts.
- Les membres des différents comités de direction ont toujours agi pour l’intérêt du club dans un climat d’amitié, de respect et de dévouement au service des pratiquants.
- La construction de nouveaux locaux dans le cadre de la base de Bombannes sous l’impulsion de M. Dejean, membre actif du club, a permis d’offrir aux régatiers des infrastructures plus adaptées au haut niveau : cales de mise à l’eau, hangar de stockage du matériel, ponton fixe pour les bateaux comité et de sécurité, club house avec bar et cuisine équipée, longueur de plage importante pour tirer les dériveurs au sec, grue pour mâtage des quillards, etc…
- Le parrainage de M. Lucien Lanaverre, grand industriel bordelais, constructeur de nombreux dériveurs et en particulier le Finn (dériveur en solitaire), le 420 (dériveur en double), le 505 (dériveur en double de haute performance) et dans une moindre mesure le Flying Dutchman (dériveur en double retenu pour les Jeux Olympiques). Sa participation au club en qualité de secrétaire général, son aide matérielle, les facilités qu’il pouvait accorder aux régatiers locaux, ont été des éléments prépondérants pour un grand nombre de jeunes qui aspiraient à accéder au haut niveau.
- C’est à cette même époque qu’ont été construits les premiers dériveurs en polyester ; le 420 a été conçu en 1959 par Christian Maury avec ce matériau nouveau qui autorisait des formes plus arrondies, plus planantes et des gains de poids importants.
- Cette révolution de la construction des dériveurs a été le point de départ de la démocratisation de la pratique de la voile. De nombreux jeunes, pas toujours fortunés ont pu accéder à ce sport et se confronter aux meilleurs avec du matériel à peu près équivalent.
- L’organisation hebdomadaire de régates d’entrainement ou officielles incitait les membres à venir tous les weekends vers Maubuisson. Ils savaient qu’ils trouveraient de Mars à Novembre une équipe de bénévoles disponibles. Ils étaient assurés de pouvoir naviguer en toute sécurité quelles que soient les conditions atmosphériques. Cette organisation créait une émulation propre à insuffler l’esprit de compétition dans une ambiance malgré tout familiale et amicale.
- Un grand nombre de ces jeunes des années 60 ont bénéficié d’un héritage familial favorable : leurs pères, leurs frères, leurs amis leur ont ouvert la voie ; ils naviguaient souvent sur le bassin d’Arcachon l’été ; ils ont poussé leurs enfants à pratiquer dès le plus jeune age avant même que l’Optimist (petit dériveur spécialement conçu pour les tout jeunes) ne fasse son apparition en France. Et ce virus, attrapé à l’age des premières apparitions de l’acné juvénile, ne les a plus quittés.
- Le mélange des générations entre les pionniers –parmi lesquels les frères Goujon, Bistuer, Didier Poissant, les frères Jammes, Henri Roumaillac, Yves Louis Pinaud – et les jeunes nés dans les années d’après guerre, permettait à chacun de progresser au contact des autres. Les anciens trouvaient chez les jeunes la fougue de leurs 20 ans, tandis que les « baby boomers » se nourrissaient de l’expérience accumulée par leurs aînés. Et tout ce monde échangeait et discutait lors des soirées d’après régate.
L’apport de Y. L. Pinaud
Et dans ce cadre de la recherche de la performance, un personnage a joué un rôle considérable. Yves Louis Pinaud régatier hors pair, bordelais et membre du CVB, sélectionné olympique en Finn aux Jeux de Rome en 1960, fut nommé Directeur Technique National auprès de la Fédération Française de Yachting à Voile. Possédant une maison à Maubuisson, Yves Louis organisa l’ensemble de la filière de haute compétition autour du CVB et de Bombannes.Les stages nationaux de jeunes, les rassemblements de l’Equipe de France, les entrainements en préparation des grandes compétitions, l’organisation de championnats nationaux de séries, le regroupement des athlètes du Bataillon de Joinville, tout se passait à Maubuisson et à Bombannes sous la direction de Yves Louis Pinaud. Les moyens matériels –mise à disposition des bateaux achetés par la FFYV (en particulier les Finn Lanaverre), l’infrastructure humaine (présence des entraineurs nationaux notamment Jean Guillot, l’organisation logistique de rassemblements et d’entrainements de l’Equipe de France, tout était centré sur le lac de Carcans selon une organisation que l’on qualifierait de nos jours de « Pôle France ». De très nombreux jeunes régatiers de cette époque lui doivent leurs débuts dans la compétition au niveau national, à commencer par Serge Maury qui fut très vite repéré par le Directeur Technique National.
La reconnaissance internationale
Cette infrastructure du haut niveau à laquelle participaient de temps en temps quelques éléments extérieurs, notamment quelques jeunes moniteurs de voile de Bombannes dont je faisais partie, a contribué à ancrer le Cercle de la Voile de Bordeaux dans la recherche de la performance et a permis à tous ses coureurs de progresser rapidement et au club d’acquérir une légitimité au plan national et international. Il faut noter que dans ces années « dorées » les meilleurs barreurs mondiaux venaient à Maubuisson disputer les grandes régates en particulier le Mémorial Bistuer en Finn.
La poursuite de la Politique Sportive
Tous ces éléments réunis autour d’hommes et de femmes passionnés et dévoués, ont fait du CVB le grand club que nous connaissons aujourd’hui. Il en va de la vie d’une association comme de la vie des personnes ; elle est faite de réussites et d’échecs, de moments de gloire et de traversées du désert, mais la force des grandes structures est de continuer malgré tout à vivre, à investir pour l’avenir, à former et à promouvoir des jeunes qui sont les forces vives de demain.
Le Cercle de la Voile de Bordeaux a su traverser toutes les époques en s’adaptant aux circonstances et aux pratiques nouvelles. Il continue, selon les objectifs qu’il s’est fixé, à aider l’ensemble de ses membres à accéder à leur plus haut niveau de pratique, dans une ambiance faite de rigueur sportive et de convivialité familiale.
