Le surf dans les landes
Une reconnaissance de longue haleinePrésident de l’International Surfing Association (ISA), il s’oppose alors au surf business (ASP) et rencontre plusieurs fois le Président du Comité Olympique Juan Antonio Samaranch afin de le convaincre d’admettre cette discipline dans le giron olympique. Mais c’est après la remise d’un rapport réalisé en 2010 par l’ancien DTN de surf, Francis Distinguin, landais d’adoption, que la demande obtient satisfaction. Après l’introduction de l’épreuve aux JOP de Tokyo en 2021, ceux de 2024 de Paris la consacrent.
Les surfeurs se sont affrontés sur la vague mythique de Teahupoo à Tahiti. récoltant deux médailles dont une d’or. Désormais transformé en terrain de jeu sportif, c’est une toute autre vision du surf que celle encore assez répandue d’une pratique hédoniste, individualiste voire rebelle, héritée d’activités hawaïennes partageant joie de vivre et indolence ensoleillée. Dans ce processus de reconnaissance sportive, les Landes ont joué et jouent encore un rôle majeur.
[1] Décédé le 26 mars 2024.
Jacky Rott, pionnier landais du surf
Après une interruption due au service militaire, Jacky Rott obtient l’autorisation de la part de Georges Hennebutte, détenteur d’une planche américaine introduite lors du tournage du film tiré du livre d’Hemingway, Le soleil se lève aussi, d’en prendre les dimensions : il en fabrique alors une en balsa de trente kilos qu’il expérimente en 1957 à Hossegor au niveau de l’ancien épis nord.
Réussissant à se mettre debout jusqu’au rivage, il est certainement l’un des tout premiers en France à réaliser cet exploit. Par la suite, il remporte l’épreuve parfois dénommée « Championnats de France » de 1961 et participe aux épreuves internationales au Pérou l’année suivante. Il se lance alors, avec Michel Barland, dans la production de planche en mousse et fibre de verre.
Le surf dans les Landes

Premiers clubs en France
- Bien que la création du Waïkiki Surf Club à Biarritz en 1959 signale la première implantation territoriale de cette activité à Biarritz, des tentatives pour dompter les vagues avaient déjà été réalisées par un Dacquois.
- Dès 1952, Jacky Rott réalise une sorte de planche de « surf » en bois inspirée par une image furtive aperçue au cinéma qu’il combine avec son expérience acquise sur des planky en bois, ancêtre du bodyboard. Il bénéficie alors d’un entourage propice à cette fabrication puisqu’il évolue dans la fabrique familiale de meubles et de talons de chaussures pour dames. En juillet, avec deux amis, il teste cette « planche », sans succès, sur la plage de la Chambre d’Amour à Anglet.

Côte d’Argent, Côte surf
Rapidement, la côte d’argent s’impose comme une place incontournable du surf, d’autant plus que les politiques d’aménagement du littoral à partir de 1967 (MIACA) en font une destination touristique de choix. Sont créés le Seabird surf-club à Seignosse le 28 décembre 1968 et le Biscarrosse Surf-Club l’année suivante. La dynamique est enclenchée. En 1973, le surf club de Vieux-Boucau est constitué à partir de Soustonnais et de quelques Parisiens de passage tels Bernard Traimond, Pierre Baudiffier, Bernard Call, Joël Ducret, Franck Lavignolle.
Les jeunes surfeurs de l’époque sont alors Michel Laboille-Moresmau, Alain Caussarieu, Bertrand Greciet, Rio, Max et Gilles Granereau, Zombie, les Dufau, Patrick et Didier Puyoo, Dominique Brefort, Stéphane Tortochaux, Bernard Caisson, Mike Swhanner, et bien d’autres….

Fédérations
Rapidement, les compétitions s’organisent autour de la fédération de Surf Riding fondée en 1964 qui réunit alors une dizaine de clubs.
Outre les trois structures pionnières que sont le Waikiki Surf Club, le Surf club de France fondé par Joël de Rosnay le 6 mars 1964 (anciennement le Surfing Club de la Chambre d’Amour et de la Barre créé le 7 août 1963) et le Biarritz Surf club (21 novembre 1963), viennent s’ajouter, entre autres, les deux premières landaises ; l’Atlantique Surf Club et le Waimea Surf Club respectivement fondés le 24 janvier 1964 et le 20 mars 1964 à Hossegor.
Championnat d’Europe, 1975, Seignosse
1973, le Seabird de Seignosse organise les Championnats de France. Deux ans plus tard, son président, Jean-Pierre Bianco, accueille les Championnats d’Europe (Angleterre, Espagne, Hollande) alors remportés par le Landais Gérard Dabbadie.
La professionnalisation est en marche avec, en 1979, la création du Grand Prix Open de Lacanau, premier évènement professionnel majeur français. Le second tournant et non des moindres est sans conteste les Championnats du Monde de surf amateur organisés l’année suivante à Hossegor et Biarritz. Avec la présence de pas En moins de 12 nations, le Landais Gérard Dabbadie domine l’élite du surf mondial, même si les professionnels ne sont pas encore autorisés à participer aux épreuves amateurs ISA.
Surf et politique du Conseil départemental
En finançant à hauteur de 40%, les locaux de la Fédération, le Conseil départemental des Landes a bien compris l’intérêt de soutenir une telle activité. N’est-il pas admis qu’un surfeur sur cinq est Landais ?
Il est vrai que chaque été des dizaines d’écoles de surf font découvrir cette activité de glisse aux jeunes et moins jeunes, français ou étrangers, et quelques deux cents clubs sont enregistrés dans les Landes depuis la création du Comité de surf en 1981.
Sur 737 établissements d’activités physique et sportive déclarés en enseignement surf en France, 54 % sont implantés en Nouvelle Aquitaine. La demande est telle qu’à la rentrée 2008 le CREPS Bordeaux Aquitaine ouvre une antenne sud et délocalise dans les Landes ainsi que sur la côte Basque une partie des actions de formation de moniteur. Depuis avril 2010, cette antenne sud est implantée à l’ACASAL (maîtrise d’ouvrage Département des Landes).
Extension locale
Depuis 2015, le Département renforce le développement envers le handisurf et l’insertion sociale. Tous les secteurs culturels sont concernés et des associations comme le Paradise le Club (2016) de Seignosse, le surf à deux avec le Keaulana Surf Tandem Association (2023) à Mézos ou le surf féminin avec Bande de Surfeuses (ex Elles Surf association située à Soorts-Hossegor en 2023) se créent. Sa pratique s’enrichit au gré des diverses modes et évolutions sociales à l’instar du Surf and Tapas de Ondres (2023) ou le BJJ Surf Collective qui ajoute à la glisse un enseignement de jiu-jitsu brésilien à Moliets-et-Maa.
Surtourisme et surf loisir
Bien évidemment, le revers de la médaille est le surtourisme et ses impacts environnementaux. Il est ainsi parfois difficile de concilier pratique de loisir et de plaisir avec le développement du haut-niveau. Les compétitions s’accumulent avec le Longboard Pro Junior de Biscarosse en avril, le Qualifiing Series à Vieux- Boucau en juin, le Quiksilver & Roxy Pro en octobre à Hossegor…
La production de structures d’entraînement toujours plus pointues afin de produire des vagues parfaites nécessitées par l’importance qu’a prise la thématique de la maîtrise aérienne dans les compétitions de surf est-elle compatible avec le développement de la pratique loisir pour tous ? Ainsi, sont tentés des projets de construction de « jardins à vague » associant pratique d’excellence et de loisirs. Mais, ne satisfaisant pas forcément toutes les parties prenante, la piscine de Saint-Albret (ou St-Geours-de-Maremne) envisagée en 2015 par le Conseil départemental en partenariat avec l’Association Européenne des Actions Sports (EUROSIMA) installée à Hossegor depuis 1999 ainsi qu’avec la fédération, échoue.
De même, la société Wavelandes lance un projet plus touristique en 2018 à Castets, mais il est abandonné en 2023 face aux problématiques environnementales et économiques. Comment loisir de masse et compétition élite peuvent-ils cohabiter afin de pouvoir assurer le développement du surf et répondre tout à la fois aux défis sportifs des JOP et aux contraintes environnementales ?



L’implantation locale du surf
Certains surfeurs étrangers comme Tom Curren font souches dans ce territoire. Future star du circuit professionnel des années 80 et 90, triple champion du monde ASP, il se marie avec Pascale Delanne, issue d’une grande famille de surfeurs. Un autre participant à ce championnat l’Australien Maurice Cole qui termine troisième, prend aussi goût aux tubes landais et s’installe à Hossegor : il ouvre pour bon nombre de surfeurs hexagonaux, les tubes de La Gravière, un spot qui avec La Nord deviendra célèbre dans le monde entier

Au-delà de la dimension ludique et sociale, la pratique de la glisse maritime reste un secteur économique important : même si la forte croissance des années 1980 et 1990 a disparu la zone d’activité de Soorts-Hossegor est plus que jamais attractive avec le doublement de sa superficie en quelques années et l’implantation de nombreuses sociétés et directions européennes de grandes enseignes du surf.


Localisation de l’équipement
Ressources documentaires et bibliographiques
Loudcher Jean-François, Mallet Geoffrey, Distinguin Francis, « Histoire de l’entraînement du surf en France (1957-2024) et son influence sur le coaching sportif actuel », dans Claverie Eric, Loudcher Jean-François, Vaucelle Serge, Histoire de l’entraînement, Paris, INSEP, 2024.
Falaix Ludovic, Surf à contre-courant, une odyssée scientifique, MSHA, 1994.
Organoff Thierry, Surf Riding, une histoire européenne, Cairn, 2023.
Archives Francis Distinguin