James Fowler
L'américain qui traversa la Manche en podoscapheJames Fowler, « sportman nautique » (La Petite Gironde, 11 mai 1879), Américain bien connu à Bordeaux, décède à Arcachon le 27 juillet 1896. Après avoir vécu trente-six ans dans la capitale girondine, il a acquis une certaine réputation dans le domaine sportif grâce aux maints exploits qu’il a réalisés, mais aussi grâce à ses talents d’organisateurs de régates à la voile et de compétitions d’aviron ; il a même présidé un club nautique. Toutefois, cette trajectoire n’est pas sans rapport avec sa carrière professionnelle : dentiste réputé, appartenant à la bourgeoisie locale aisée, il se retire comme « rentier » après avoir exercé pendant une trentaine d’années cette profession.
Les origines familiales de James Fowler
Des origines obscures
La trajectoire familiale de James Fowler reste encore assez obscure. Ainsi, il est toujours difficile d’affirmer sa date et son lieu de naissance. Bien que l’acte de décès révèle qu’il serait né le 20 mars 1820, tous les journaux affirment qu’il avait 78 ans le jour de sa mort en 1896. Une même inexactitude concerne son lieu de naissance. L’acte de décès mentionne qu’il serait né à Wotton. Mais deux villes portent ce nom. S’agit-il de Wotton-under-edge en Angleterre, dans le comté de Gloucester, comme le mot « Mudredge » écrit sur l’acte après le nom de la ville peut le laisser entendre, ou bien est-ce Wotton au Canada, petite localité du Québec ?
Une origine anglaise ?
Elle n’est pas totalement improbable car l’immigration britannique dans les Amériques est, à cette époque, assez habituelle. Mais alors comment expliquer l’apprentissage du français de la part de James Fowler alors qu’il est déjà âgé de 30 ou 35 ans lorsqu’il décide de venir s’installer dans l’Hexagone ? Et pourquoi choisir la France après avoir quitté l’Angleterre ?
Une probable origine Canadienne
Né au Québec, il devait donc maîtriser cette langue. De plus, la chirurgie dentaire est une spécialité très développée aux USA, en particulier à New-York, à cette époque ; James Fowler s’y installe en tant que « chirurgien-dentiste » dans les années 1850. Il aurait « inventé » un procédé de prothèse dentaire par « adhésion physique » qui aurait été récompensé en 1853 à la foire de New York et, en 1855, à celle de Paris.
Par ailleurs, un acte de jugement émis par le Tribunal de commerce de la Seine en 1860 fait apparaitre le prénom complet de Fowler qui laisse peu de doute sur ses racines canado-française. Ne s’appelle-t-il pas « Ange-Jean-Jules-James Fowler » ?

Histoire d’un sportman nautique Dentiste-Américain Bordelais -1820-1896
L’article sur James Fowler en bref
- 1.Origines familiales
- 2. Emigration française et tribulations professionnelles
- 2.1. Débuts parisiens
- 2.2. Installation bordelaise
- 2.3. L’affaire Préterre/Fowler
- 3. Les débuts de l’engagement sportif de James Fowler à Bordeaux
- 3.1. Dans le civil
- 3.2. Une carrière militaire ?
- 4. Renommée sportive
- 4.1. Traversée de la Manche en podoscaphe
- 4.2. Descente de la Garonne, Toulouse/Bordeaux en podoscaphe
- 5. Une carrière de dirigeant sportif, symbole d’une intégration à la société bourgeoise bordelaise
originaier Une filière dentaire Etats-Unis / France
Une filière de dentiste existe depuis le début XIXe siècle. Ainsi, James Fowler aurait séjourné à Lancaster, état de Pennsylvanie, avant de venir s’installer à New York, ville située pas très loin.
Or, le dentiste T.W. Evans qui s’établit à Paris en 1850 serait aussi originaire de Lancaster. Il prend alors la succession du docteur Brewster lui-même issu de Charleston, Caroline du sud, et qui s’est installé dans la Capitale française en 1835 ou 1836.

Emigration française et tribulations professionnelles
Débuts parisiens
Le succès de ses compatriotes en France a certainement influencé l’immigration de James Fowler. La chirurgie dentiste est en retard dans ce pays et, en moins de deux ans, il acquiert une solide réputation à Paris. A son arrivée, James Fowler s’associe au Français Apoléoni Pierre Préterre qui lui apporte les fonds pour créer un cabinet. Leur société est déclarée boulevard des Italiens le 20 août 1856. Mais, en juin 1860, suite à un désaccord qui dure depuis plusieurs années, un jugement du tribunal de commerce ordonne à James Fowler de quitter Paris. Il choisit alors Bordeaux comme destination..
Installation à Bordeaux
James Fowler arrive dans la Capitale girondine le 2 juillet 1860. Mais il avait déjà néanmoins préparé le terrain et était venu à Bordeaux en janvier 1860. Il était alors descendu à l’hôtel de Paris où il avait annoncé par voie de presse qu’il pouvait faire bénéficier les Bordelais de ses soins dentaires. Le succès de cette entreprise l’a-t-il convaincu de s’installer dans cette ville ? En tous les cas, en décembre 1860, James Fowler achète un appartement dans une maison au 35 rue Huguerie et fait publier une annonce où il se proclame « Dentiste américain » à la recherche de deux assistants « mécaniciens-dentistes ». Il ne quittera plus ce lieu jusqu’à sa mort.
Mais, en 1886, un changement important apparaît. Alors qu’il vivait seul, il héberge une personne déclarée comme « cousin » répondant au nom de John Danforth. Agé de 35 ans, il est aussi dentiste et Américain. Cinq ans plus tard, James Fowler n’exerce plus. Il est enregistré en tant que « rentier » et, c’est nouveau, « Anglais ». C’est John Danforth, habitant toujours rue Huguerie, qui a repris l’affaire en tant que « médecin dentiste ».
Lui aussi vit seul et serait né à « Manchester ». le 12 novembre 1848. En 1901, il habite toujours ce même appartement qui comporte quand même huit pièces au dernier étage. Il est noté qu’il est occupé par deux personnes, sans préciser lesquelles. De même que James Fowler, John Danforth aussi n’a pas d’enfant et ne serait pas marié. En 1906, la filiation américaine dentaire s’arrête.
L’affaire Préterre / Fowler
La décision du tribunal de la chambre de commerce de la Seine est à l’origine de l’arrivée de James Fowler à Bordeaux. Le 16 septembre 1857, la société dentaire que Fowler et Préterre avaient monté un an plus tôt, est dissoute suite à une dispute survenue entre eux. James Fowler accuse Apoléoni Préterre d’avoir dilapidé plusieurs dizaines de milliers de francs. Plusieurs journaux évoquent cette affaire juridique qui trouve une conclusion fin juin-début août 1860.
Le jugement donne tort à James Fowler car lors de la vente des parts du cabinet à Apoléoni Préterre pour 120 000 francs en 1857, il était écrit dans l’acte de sa constitution que celui qui sortait de la société devait s’installer à plus de 400 km de Paris pour ne pas faire de concurrence à la contrepartie.
Or, le dentiste américain ouvre un cabinet place de la madeleine en 1858 tout proche du Boulevard des Italiens. Apoléoni Préterre lui fait alors un procès pour concurrence illégale.
Dans sa défense, James Fowler l’accuse d’utiliser son nom dans ses publicités alors qu’ils ne sont plus associés et que cet argument d’éloignement ne valait que pour la dissolution de la société prévue en 1870. Malgré tout, il est condamné, d’une part, à payer 10 000 francs de dommages et intérêt et, d’autre part, est sommé de quitter Paris.

Les débuts de l’engagement sportif de James Fowler à Bordeaux
Dans le civil
Sportif émérite, James Fowler s’initie assez tôt au podoscaphe qu’il manie avec dextérité. Mais il n’en est assurément pas son inventeur car l’appareil existe depuis plusieurs années. De multiples versions de l’engin sont promues et cette dénomination est générale. Globalement, deux périssoires ou petits esquifs sont reliés par des planches permettant soit de se tenir debout, soit de s’asseoir, l’individu faisant avancer son embarcation au moyen de pagaies.
En 1863, James Fowler s’illustre dans une compétition nautique à Bergerac dans laquelle il gagne une deuxième place sur une périssoire et une première place sur un podoscaphe nommé Monitor. L’année suivante, il se distingue lors de la compétition nautique organisée à Lormont -rive droite de Bordeaux- sur son podoscaphe nommé Mohican. Le 17 septembre 1865, le dentiste américain participe à une nouvelle édition de la compétition à Lormont dont il sort aussi vainqueur.
« La course des podoscaphes a vivement intéressé le public qui a salué ces légères embarcations par de nombreux applaudissements. Comme toujours, M. James Fowler, l’un de nos amateurs les plus distingués, et qui a chaque fois remporte un triomphe nouveau, a eu le premier prix »
La Gironde, 22 septembre 1865.
Il participe aussi à de nombreuses régates de voiles. A Arcachon, en 1866, il remporte la course sur son voilier nommé Peau-Rouge dans la catégorie des 8 à 11 mètres. Il réitère l’exploit trois ans plus tard lors de la compétition organisée par le Cercle des régates de Bordeaux autour de l’ile Cazeau
Une carrière militaire ?
Si la carrière militaire de James Fowler a existé, elle fut courte et française à l’heure où la conscription n’était pas encore obligatoire. Plusieurs journaux notifient les services que James Fowler aurait rendus à la France. Ainsi, il se serait engagé pour « offrir son sang » en 1870 et aurait eu la croix de chevalier de la légion d’honneur ( La Gironde, 30 juillet 1896). Mais rien ne confirme ce fait car son nom n’est pas mentionné dans la base nationale des légionnaires. Toutefois, on ne peut exclure, au vu du nombre d’informations inexactes qui courent sur sa biographie, qu’il ait pu être récipiendaire d’une autre décoration, notamment spécifique aux étrangers et/ou au génie civil.

Podoscaphe
Dès 1858, une première version est attestée avec Cette Course de Rotterdam à Cologne exécutée en 136 heures

En 1865, Charles Courbet livre une très belle peinture d’une deuxième version de l’engin. La femme au podoscaphe, musée Muraushi, Tokyo

L’incendie du port de Bordeaux en 1869-Légion d’honneur ?
James Fowler aurait mis à l’épreuve ses compétences nautiques à plusieurs occasions dont l’une des plus retentissantes est celle de l’incendie de 1869 qui a ravagé plus de cinquante bateaux dans le port de Bordeaux. Il se serait élancé, comme beaucoup d’autres Bordelais sur des barques ou autres engins flottants, sur son podoscaphe afin de délivrer des messages de la part de la capitainerie pour organiser le sauvetage des bateaux en proie aux flammes. A-t-il acquis la croix de la légion d’honneur au cours de cette nuit terrible ou bien lors de la guerre de 1870 comme il est indiqué dans les journaux ?
Renommée sportive
Traversée de la Manche en podoscaphe
Il atteint une renommée sportive nationale et même internationale en 1878 lorsqu’il traverse la Manche en podoscaphe. De nombreux articles relatent son aventure. Parti de Boulogne à 4h15, il arrive à 15h35 à Sandgate, près de Folkstone, alors que l’objectif initial était Douvres. La forte houle et le vent le faisant dériver, il met presque 12h pour réaliser cet exploit sur son frêle esquif ; il est accompagné par un bateau, le Petrel, appartenant à un capitaine anglais.
Descente de la Garonne en podoscaphe ; Toulouse/Bordeaux
En 1879, James Fowler organise une descente de la Garonne entre Toulouse et Bordeaux en podoscaphe. Il est accompagné d’un « canot-école, le Sans-Vanité, du Burdigala Rowing club de Bordeaux » sur lequel prennent place cinq personnes ; le reporter d’un journal de Bordeaux, Feodor Puchert de Libau, correspondant d’un journal russe, et Ferdinand Guedouin, secrétaire du Sport nautique de la Gironde. S’y adjoignent un « reporter scandinave » et « un jeune canotier du Burdigala rowing-club ». Le voyage est programmé sur quatre jours avec des arrêts à Castelsarrasin, Agen et La Réole. James Fowler s’est préparé avec attention à ce voyage à l’image du programme qu’il s’était imposé pour réaliser sa traversée de la Manche.
« Fowler s’entraîne comme personne. Il fait du sport nautique partout : sur la Garonne, avec son canot, dans son cabinet de gymnastique, il use du système des cordes en caoutchouc qu’on fixe au mur, et sur lesquelles on tend ses membres jusqu’à épuisement de volonté et de force. Il s’entraîne par la marche à pied, par les étapes forcées, par l’abstinence. Puis, un jour, deux semaines avant l’épreuve publique, il se met au régime du gigot saignant et du rhum, sans consommer autre chose, ni vin, ni pain, ni légume, ni laitage, rien absolument. Le croirait-on, le tabac lui-même est proscrit. Et Fowler arrive ainsi à de merveilleux résultats ».
La Petite Gironde, 12 avril 1879
Partis de Toulouse à 8h30, ils arrivent trois jours plus tard à 18h à Bordeaux. Durant les trois étapes, ils sont acclamés à chaque fois, qui par des « sportmen indigènes » leur faisant un « accueil homérique » à Castelsarrazin, qui par « dix mille personnes » à Agen, qui par de multiples embarcations, un bal et des fêtes à La Réole.
L’exploit de Mathew Webb et les expériences de Boyton
Franchir la Manche relève d’un mythe largement partagé par l’Angleterre et la France, mais réussir grâce aux capacités humaines et non plus seulement aux propriétés technologiques semble nouveau.
Trois ans auparavant la traversée de James Fowler, l’Anglais Webb la franchi la Manche à la nage, mais dans le sens Angleterre-France, initiative plus favorable grâce aux courants porteurs. La même année de l’exploit de l’Américain, le capitaine Boyton d’origine irlandaise effectue aussi cette traversée mais d’une façon particulière où l’exploit relève autant de l’engagement physique que de la réussite technologique. Habillé d’une veste et d’un pantalon en caoutchouc gonflé d’air, il prétend développer un engin de sauvetage. Il en fera d’ailleurs la promotion à travers le monde, nageant dans de nombreuses mers et fleuves, lui assurant une renommée certaine.
Quoiqu’il en soit, c’est très certainement la réalisation de l’exploit de la descente de la Garonne en 1879 qui inspira James Fowler et va le pousser à tenter la même aventure l’année suivante.


Une carrière de dirigeant sportif, symbole d’intégration à la société bourgeoise bordelaise
Les débuts
Après s’être inséré professionnellement sur Bordeaux et développé une carrière de sportif, James Fowler va s’investir dans la carrière de dirigeant. Il prend ainsi la présidence de la Société nautique bordelaise le 31 janvier 1890 qu’il gardera jusqu’à son décès six ans plus tard. Il a donc dû attendre près de trente années pour arriver à cette position qui, à l’époque, n’est pas facile à acquérir. En effet, c’est sans doute, plus que la réussite professionnelle, le signe d’une véritable intégration dans le milieu de la bourgeoisie locale qui est celle qui compte. Il faut autant montrer ses compétences que réussir à s’établir au centre d’un réseau d’influences. Sans doute, cette idée n’a pas tout de suite germé dans son esprit.
Mais son implication dans les différentes structures nautiques de la région bordelaise et ses actions depuis le début des années 1860 montrent un indéniable accroissement de son investissement au cours du temps. Finalement, la position de président de club n’est que la suite logique de cette trajectoire riche et intense. Néanmoins, il est difficile de retracer en détail le parcours de James Fowler en tant que membre des différents clubs et associations qu’il fréquente. En effet, il faudrait faire avec précision l’histoire des structures sportives dont le nombre explose à cette époque et dont nous ne disposons que d’informations incomplète.
A voile et à l’aviron
James Fowler navigue entre clubs de voile et clubs d’aviron. Il est vrai que cette distinction n’est pas forcément évidente avant les années 1880. Ainsi, il est adhérent au Sport nautique de la Gironde en 1870, société créée par arrêté du 7 décembre 1865, comme l’indique une demande émanant de ses membres pour créer un Rowing club et sur laquelle il apparaît en premier nom. Il semble donc qu’il ne trouve pas satisfaction dans ce club du point de vue de l’aviron.
L’envie de créer sa propre organisation est évidente. Il apparaît comme « membre donateur » sur la liste du Yachting Club d’Arcachon datée de 1873, lors de la réunion destinée à changer le nom originel du club intitulé Société des régates d’Arcachon, fondée en 1866. Plus encore, James Fowler est membre du Cercle du théâtre d’Arcachon créé en 1875 qui est une émanation du Yachting-club.
En 1881, James Fowler est reconnu comme étant l’une des « quelques personnes influentes de la ville » à l’occasion d’une régate organisée par les deux sociétés. Mais tout change au cours de cette décennie suite à des mésententes entre les deux clubs. Elle se confirme en 1885 lorsque le Sport nautique décide « dans son assemblée générale du 30 novembre dernier -1884- de ne plus s’occuper que des Régates à la voile ». Il est certain que la liquidation judiciaire du Burdigala rowing club en1887, club d’aviron de prédilection de James Fowler semble-t-il, ne lui laisse plus beaucoup le choix pour envisager une position de dirigeant.
Président de la Société nautique bordelaise et reconnaissance notabiliaire
James Fowler saisit alors l’opportunité de prendre la direction de la Société nautique bordelaise en 1890 pour laquelle il a aussi investi en donation. Le sport, l’éducation physique sont en pleine mutation depuis la fin de la décennie précédente et James Fowler a bien appréhendé cette effervescence qui donne accès à la reconnaissance symbolique de dirigeant. Lors du troisième Lendit de 1890 organisé par la Ligue Girondine d’éducation physique créée par le docteur Philippe Tissié deux ans plus tôt, il assiste à une compétition de régate sur le quai de Paludate en compagnie de Pierre de Coubertin.
James Fowler continue de collaborer avec le docteur Philippe Tissié. En 1891, avec la Société nautique bordelaise, ils prennent part au Lendit de Bordeaux pour lequel le Véloce-club est aussi associé, club fondé par le fameux journaliste de la Petite Gironde et sportman, Maurice Martin. Le dentiste américain, dorénavant rentier, est donc complètement immergé dans la dynamique sportive de la ville.
Entre 1890 et 1896, James Fowler multiplie les compétitions et s’implante définitivement dans la vie des notables bordelais. Chaque année, il invite des convives autour de repas fort dispendieux.
En 1896, à l’occasion de son décès, les membres du comité directeur décident s’en abstenir en sa mémoire.
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James Fowler, le docteur Philippe Tissié et Pierre de Coubertin
Pierre de Coubertin a, en effet, tenté de rallier le docteur Philippe Tissié à sa cause alors qu’il est secrétaire de la célèbre Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques -USFA- qui vient juste d’être fondée ; elle sera le socle à partir duquel il va lancer son projet de rénovation des Jeux olympiques modernes à la Sorbonne, une première fois en 1892, puis en 1894. Deux ans plus tard, la première édition des Jeux se déroulent à Athènes. Mais ce projet d’association avec Philippe Tissié va tourner court..

Un réseau sportif bordelais : Gustave Gounouilhou, Philippe Tissié, Maurice Martin et… James Fowler
Gustave Gounouilhou, fondateur de La Gironde en 1854 et de la Petite Gironde en 1872. C’est grâce à lui et au journal La Petite Gironde qu’il a pu probablement pu financer le raid en podoscaphe de Toulouse à Bordeaux car le journal couvre l’événement. En 1891, parmi bien d’autres initiatives, il finance aussi la deuxième épreuve cycliste d’importance sur route de France, le Bordeaux-Paris. Avec Philippe Tissié, tous les trois protestants, ils sont aussi très probablement Franc maçons.
Gustave Gounouilhou et Maurice Martin vont monter une Société immobilière centrée sur l’acquisition de biens surtout dans les Landes et à Hossegor. Revendue à Alfred Eluère, le maire de Hossegor en 1935, elle va procurer un dynamisme touristique et sportif certain.
Cf. le texte sur Le Sporting-club d’Hossegor et l’action d’Alfred Eluère.
Conclusion
Indéniablement, il manque encore des informations sur la vie de James Fowler. Néanmoins, la trajectoire dessinée nous semble assez complète pour retracer cette carrière d’un sportif-dentiste aventurier. Sans nul doute, ses origines américaines, bien qu’il existe encore un très léger doute à ce propos, ont été déterminantes dans sa trajectoire. Mais il a aussi su bénéficier d’un lieu et d’une époque favorable à son tempérament. Capitale du Sud-Ouest, Bordeaux s’accroît économiquement, héritages d’échanges commerciaux profitables autour du vin. A cette bourgeoisie d’affaire, James Fowler propose un service de dentisterie original en même temps qu’une figure du self-made man volontaire et courageux à laquelle on peut s’identifier, entre autres, à travers des loisirs distinctifs présentant quelques risques mais limités.
Malgré tout, son accession au poste de président d’association fut longue. Non seulement, les clubs sont encore peu nombreux, mais ils s’inscrivent dans une histoire où maintes suspicions planent au regard des Révolutions et mouvements sociaux qui ont couru sur tout le siècle : il faut montrer son allégeance au système républicain et bourgeois. En cela, James Fowler a dû patienter et fourbir ses armes de bons citoyens afin d’obtenir la reconnaissance ultime de ses pairs du mouvement associatif.
Ressources documentaires et bibliographiques
Guillon Corine, L’émergence du sport dans la presse généraliste régionale à travers l’exemple de la « Petite Gironde » de 1872 à 1913 : culturation sportive des lecteurs, Thèse STAPS sous la direction de Jean-François Loudcher, 2022.
Krier Julien, Histoire du CREPS et de l’IREPS de Bordeaux et de leurs influences locales (1944-1981), directeurs J.-F. Loudcher et Eric Claverie, 23 mars 2022.